Le tremblement de terre de Lisbonne

4 Octobre 2014 , Rédigé par Alain Courau

Bonjour au club histoire géo Marcel Pagnol,

Après une petite navigation pépère le long des côtes espagnoles, nous sommes en escale depuis 2 jours à Lisbonne, capitale du Portugal.
Cette ville a été au XVIIIème siècle la victime d'un terrible tremblement de terre qui a modifié son destin et celui d'une partie de l'Europe.

Les deux extraits suivants nous ont paru bien éclairer cet événement dans le cadre des Lumières et des échanges internationaux.

« Le séisme se produit un samedi, jour de la Toussaint, vers 9h40 du matin. En neuf minutes se succèdent quatre secousses, tellement violentes que le ciel est obscurci par la poussière des bâtiments qui s'écroulent. Quelques instants plus tard, un tsunami d'une hauteur de 5 à 10 mètres balaie la partie basse et littorale de la ville, suivi d'un nouveau tremblement de terre vers 11 heures. Un gigantesque incendie se déclare et durera cinq ou six jours causant d'ailleurs la plus grande partie des dégâts.

Sur 260 000 habitants, on avance un bilan total de 10 000 morts (4 % de la population). D'autres sources annoncent même de 50 000 à 60 000 morts.

3000 des 20000 édifices existants demeurent habitables.

Face à ce désastre, la gestion de l'après-catastrophe par le marquis de Pombal, principal ministre du roi Joseph Ier, s'avère exemplaire :
L'urgence pousse d'abord à se débarrasser des corps pour éviter tout risque d'épidémie : ceux-ci sont entassés sur des barques et jetés dans le Tage.
L'approvisionnement en eau potable, en nourriture et en combustible, est facilité en recourant au blocage des prix et aux réquisitions de vivres, pour alimenter les soupes populaires mises en place.
Maintenir l'ordre est une autre priorité. L'exécution, dans les premiers jours, de 34 pillards sert d'exemple. L'armée reçoit pour mission de surveiller la ville. Les déplacements des individus sont limités. Le port est fermé, les bateaux empêchés de le quitter et leur cargaison réquisitionnée.

Pombal prend ensuite en charge la reconstruction de la ville.
Au total, près de 9 000 édifices en bois sont bâtis en six mois, accueillant 25 000 réfugiés.
Ces mesures provisoires laissent rapidement la place à un dessein plus ambitieux : édifier une cité moderne et exemplaire.

Ainsi, aucune construction n'est permise sans autorisation, les rues ont une largeur imposée et les immeubles adoptent tous le même style.
Techniquement, la réalisation est de qualité, en particulier pour les fontaines et l'approvisionnement en eau potable.
Les ingénieurs de l'époque imaginent même les premiers systèmes capables de résister aux secousses : constatant qu'une structure flexible est moins vulnérable, ils inventent un cadre en bois, la gaiola, qui sert de charpente intérieure aux bâtiments.

La nouvelle ville est un modèle de l'urbanisme des Lumières, rationnelle, aérée et propice à la circulation. Les intérêts de l'État se mêlent parfaitement à ceux des commerçants et des financiers qui apprécient ce cœur fonctionnel.
En 1755, pour la première fois en Europe, un désastre naturel touche le cœur du pouvoir et ses conséquences sont prises en charge immédiatement par le gouvernement.
Pendant des siècles, c'était à l'échelle locale qu'on avait envisagé la gestion des catastrophes. On se tourne maintenant vers l'État … et vers les scientifiques qu'on somme d'expliquer et d'anticiper des catastrophes d'une telle ampleur.

Ces débats appartiennent bien à la pensée des Lumières.
S'impose en effet, à l'époque, l'idée qu'il revient aux hommes de lutter contre le mal.
Dans ce contexte, une telle tragédie prend un sens nouveau.
Certes, les explications et les terreurs anciennes n'ont pas disparu d'un seul coup. Ainsi la plupart des livres et des journaux consacrés, à cette époque, à la catastrophe de Lisbonne l'expliquent par la colère divine s'abattant sur les pécheurs.
Reste que, pour la première fois, le mal apparaît comme un scandale que rien ne peut justifier, ce qui s'exprime dans de nombreux écrits.
La plus forte prise de position étant le « Poème sur le désastre de Lisbonne » de Voltaire, dont le retentissement est considérable.
Ces vers sont une réponse cinglante à l'« optimisme »pour lequel la catastrophe est envisagée comme un détail à l'échelle de la Création, si parfaite et si complexe que l'homme ne peut la percevoir dans son ensemble ...
Ces arguments théologiques, qui avaient connu jusque-là un grand succès, ne résistent pas à la mise en scène de la souffrance des innocents, un sentiment de scandale qui transparaît notamment dans le poème de Voltaire.
En 1759, Candide ridiculise un peu plus le « tout est bien dans le meilleur des mondes possibles » de Pangloss … »

Réference 1 : article publié par « Histoire-Presse »

« Lisbonne ne fut pas la seule ville affectée par la catastrophe.
Les secousses du séisme furent ressenties partout en Europe, jusqu’en Finlande.
D’autres tsunamis atteignant des hauteurs de vingt mètres frappèrent les côtes de l’Afrique du Nord, ou traversèrent l’océan Atlantique jusqu'à la Martinique et à la Barbade.
L'Andalousie et la Galice et leurs ports principaux (Cadix et La Corogne) furent tellement détruits que le commerce maritime mondial s'en trouva bouleversé, le trafic avec les Amériques s'opérant dorénavant par les ports d'Europe du Nord (France, Pays Bas, Grande Bretagne).
Ceci eut pour conséquence la perte de la suprématie maritime de l'Espagne et du Portugal en Atlantique. »

Réference 2 : article « Wikipédia »

On appareille demain matin vers l'Algarve.

PS1 : vous pouvez suivre notre navigation sur https://www.marinetraffic.com/fr (recherche : Embellie V)

PS2 : savez vous que c'est à cause du Tsunami de 1755 que les salines de Guérande, en France, existent ... remplacant les terres agricoles dévastées alors!

A bientôt.

Le nouvel équipage de Embellie : Alain, Hubert (nouvellement embarqué en remplacement de Grégoire), Nathalie et Patrice.